vendredi 8 juillet 2011

Ouh que j'aime ça...

Pars! Voyager est un sentiment, voilà ce que nous enjoint de faire un aimable exalté dès la couverture de son dernier livre. Je ne l'ai pas lu, je critique juste le principe, comme ça, pour l'ouvrir (mais ce n'est pas comme si les écritures rose là au-dessus ne vous avaient pas prévenus).
Vous avez sûrement déjà croisé de ces individus horripilants qui au lieu de bien se tenir et de simplement vous dire que leur trek au Chili étaient sympa et d'éventuellement vous proposer leurs conseils si vous souhaitiez partir, vous étalent des tartines délirantes sur leur philosophie du voyage.

Je m'explique; il y a deux types de grands voyageurs impolis:

I- Ceux qui ont fait un voyage, une fois, souvent une année pour leurs études, et le pays qu'ils ont connu, eh bien ils ont adoré, ils ont A-DO-RÉ, tellement que leur pays d'origine, c'est de la merde, t'as vu. Ils ne peuvent s'empêcher de commencer leurs phrases par "Au [pays où j'ai passé 1/20ème de ma vie], eh ben...".
Les choses les plus souvent rabâchées sont que "les gens y sont sympa, pas comme ici où c'est tous des cons, et la vie elle est plus facile, tu galères pas comme ici quoi, sérieux [mon pays d'origine], j'en ai trop marre."

Eh bien GRANDE NOUVELLE!

Je vais vous souffler un petit secret: il paraît que quand on étudie à l'étranger dans un programme, les démarches administratives sont grandement facilitées en amont, et qu'être logé direct sur campus en arrivant, ça aide à rencontrer des jeunes avec qui faire la fête.

Il paraît également qu'être l'étranger quelque part casse les normes implicites vestimentaires et comportementales qui nous brident dans notre pays, et que quand on est de toute façon dans la différence de par son origine, on se fout de savoir si mettre ces chaussures à cette soirée, ça ira.

Il paraît aussi que si jamais tu devais vraiment te bouger pour te démerder dans ton pays de rêve en faisant les démarches pour trouver du boulot/un logement, ce ne serait pas pareil. La vie, elle est moins facile quand tu dois négocier avec ton banquier dans "ton" pays chéri, quand tu découvres le prix des polices d'assurance pour ta caisse (comment ça t'y avais pas pensé en Erasmus?), quand tu sais pas comment et combien on paie les impôts. Et crois-moi, au bout de 5 ans, tu auras ton train train quotidien comme tu l'avais ailleurs, et ce pays sur lequel tu as flashé aura certes de bons côtés mais (surprise!) aussi des mauvais.

Tu ne le sauras cependant jamais, puisque tu passeras ta vie à fantasmer et à emmerder tout le monde au lieu de vivre ton "rêve".

II- Second type de grands voyageurs insupportables: ceux qui font un voyage hors Europe minimum par an, ou ceux, plus rares, qui ne tiennent pas en place et sont un coup au Mali, un coup en Chine et le surlendemain à Acapulco. Cela n'a en soi rien de mal, le problème est encore une fois le besoin de certains d'étaler la "philosophie" sous-jacente de façon méprisante.

Parmi ces charmants personnages, il y en aura toujours pour dire à un malheureux quidam: "QUOI??? T'es JAMAIS allé aux Etats-Unis?" Et de rabâcher que le voyage c'est GENIAL, que le voyage ça forme, que le voyage, c'est merveilleux, qu' "on rencontre plein de gens trop bien, t'as pas envie d'être un peu ouvert sur le monde, sérieux?"

Ces charmantes personnes oublient que d'autres paient leur loyer elles-mêmes, ou n'ont pas les moyens de payer deux loyers (un à l'étranger et un pour le pied-à-terre fixe sur la terre natale). Elles oublient aussi que si l'on ne peut payer deux loyers et que l'on quitte son logement pour partir, il faut un point de chute quand on revient, le temps de retrouver autre chose.

En plus, donc, d'oublier que tout le monde n'a pas leurs moyens financiers ou leurs facilités matérielles pour se poser le temps de redémarrer sa vie une fois rentré, ils se permettent d'étaler leur mépris à la face de leur victime, qui si elle n'est pas partie plus que ça, est vraiment peu ouverte d'esprit. Ouais parce que c'est VOLONTAIRE, tu vois, y'a des gens, si tu leur donnes 1 million, ils restent CHEZ EUX!
Bah non en fait.



Haine donc - sur les abrutis qui répètent en boucle qu'ailleurs, c'est mieux, sans jamais y aller pour de bon
                  - sur les personnes suffisamment "ouvertes d'esprit" pour se barrer loin, mais manquant de la plus élémentaire des délicatesses en jugeant moralement ceux n'ayant pas le même nombre de miles.

Aucun commentaire: